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CYCLOMOTEURS PLUS NOMBREUX AU

Salon de Londres

MAIS LES PRIX SONT ENCORE TROP ÉLEVÉS!

Le Salon londonien n'est pas l'un de ceux dont l'on attend de grandes nouveautés.  Cependant l'industrie motocycliste britannique, malgré son traditionnalisme, ne peut pas ignorer délibérement les voies dans lesquelles s'engage la production mondiale, ne serait-ce que parce qu'elle entend défendre son marché intérieur contre la concurrence étrangère, ce qui est somme toute, bien naturel.

Disons tout de suite qu'en ce qui concerne les cyclomoteurs, ses ambitions ne peuvent aller au-delà de cette «auto-défense» et qu'il n'est pas question pour les anglais, au stade actuel de leur production, de songer à l'exportation.

Mais il serait cependant injuste de ne pas noter un renouveau certain au Salon d'Earl's Court 1955 en ce qui concerne nos petits deux roues.

C'est ainsi q-u'à côté des désormais classiques «roue ailée» BSA, Phillips, etc... un certain nombre de cyclos nouveaux ont fait leur apparition, cyclos qui sont souvent d'ailleurs d'inspiration étrangère.  C'est le cas des cyclos Kieft ou Brown  [sic] qui ne sont que des adaptations des cyclos allemands Hercules.  Ils sont équipés tous deux de moteurs Sachs 47 cmc.

Mais d'autres modèles sont réellement d'inspiration britannique: le Hercules (anglais cette fois) baptisé «Loup gris» (quelle poésie!..) et propulsé par un 49 cmc. dont le vilebrequin tourne en travers; le Mercury Mercette au cadre fortement semblable à celui d'une bicyclette et muni d'un petit quatre temps à soupapes en tête qui développe une puissance de 2 CV à 5.200 t.-m.

Le Phillips classique (et archaique) est doublé cette année d'un Mo-ped à cadre en tôle emboutie et bloc-moteur deux vitesses avec pédalier incorporé.

Notons encore le Norman Nippy, équipé aussi d'un moteur... Sachs.

Naturellement il y avait encore beaucoup d'autres modèles, mais la place nous manque pour les énumérer tous.


Que faut-il conclure du renouveau cyclomotoriste constaté à Earl's Court cette année?  Certainement que l'industrie britannique, à son tour et avec un retard notable, tente de s'aligner sur l'orientation essentielle de l'industrie italienne, allemande et française.

Mais elle se heurte à deux difficultés, toutes deux très importantes.

D'abord la passion des anglais pour la grosse moto, passion solidement établie qui fait que la clientèle anglaise considère avec un certain dédain les petits 50 cmc.

Ensuite, et nous croyons que c'est la principals raison de l'insuccès — provisoire sans doute — du cyclomoteur en Grande Bretagne: les prix de vente sont très élevés, ce qui ôte, évidemment, au cyclomoteur l'un de ses meilleurs arguments de persuasion.  Songez que le Kieft vaut 77.000 frs, le Nippy 72.000, le Phillips 69.000, alors que l'on trouve des Autobik [sic] carénés et munis d'un Villiers 100 cmc. pour moins de 80.000 frs!..  L'importation est, de ce point de vue, encore moins bien placée puisque le Heinkel est vendu 85.000 frs et la Mobymatic 89.000!

Dans ces conditions, il n'y a pas lieu d'être étonnés si le cyclo piétine au-delà de la Manche.  Surtout si l'on tient compte du fait que le marché de l'occasion est trés bien fourni (on trouve des 500 cmc. monocylindre datant de 5 ou 6 ans pour 70 ou 80.000 frs et en parfait état de marche!).


Nous concluerons donc en disant que si d'une part Earl's Court 1955 nous a donné l'occasion d'apprécier les efforts fait dans le domaine du cyclomoteur (jamais les modéles n'ont été aussi nombreux), il est plus prudent de penser que cet essor ne sera effectif que si les prix sont ramenés rapidement à un niveau nettement inférieur.

Si cette condition n'est pas remplie, tout risque alors d'être remis en question!


Note:

Brown = Bown (un fabricant du Pays de Galles)
Autobik = Autobyk (un vélomoteur fabriqué par Excelsior)


Cyclomoto, 15 Décembre 1955

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